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Au moment de préfacer ce programme, une nouvelle page de la science et de la

technique vient juste de s’écrire. Elle est belle, enthousiasmante même, et elle

nous fait rêver : cet après-midi, en effet, l’atterrisseur « Philae » vient de se poser

sur la comète Churyumov-Gerasimenko !

Ainsi, l’intelligence et la dextérité de l’Homme auront permis de déposer un petit

robot sur un corps minuscule situé à 500 millions de km de la Terre, après un

voyage de 10 ans et de quelques 6 milliards de km.

Les objectifs de cette incroyable mission sont nobles et désintéressés : découvrir

et comprendre la formation du système solaire et tenter de percer le mystère de

nos origines…

Dans de tels moments, la science et la technique délivrent

le meilleur

 : contribuer

à nous faire mieux connaitre l’Univers dont nous faisons partie et nous aider à

prendre conscience de notre place dans celui-ci.

Une telle démarche ne peut que susciter une réflexion sur les rapports que nous

entretenons avec notre propre planète et les dangers que nous lui faisons courir.

Des dangers justement issus, eux aussi, de la science et de la technique qui

délivrent alors

le pire

 : en augmentant de façon exponentielle notre pouvoir sur

notre environnement, elles conduisent, en effet, à l’élimination de la biodiversité,

à l’épuisement des ressources, à la pollution de l’air, de l’eau, des sols et finissent

par mettre en danger notre existence même !

Ce ne sont, pourtant, ni la science ni la technique en elles-mêmes qui sont

« bonnes » ou « mauvaises », mais plutôt ce que nous décidons d’en faire.

La religion de la croissance à tout prix, la mystique de la production et de

l’exploitation des « ressources », aujourd’hui admises par tous les pays, quel que

soit leur régime, conduisent à faire des choses sans raison ni objectif précis et

mûrement réfléchis mais simplement parce qu’on est matériellement capable de

les faire,

parce que la science et la technique nous le permettent

.

C’est, donc, d’une

éthique

dont nous avons besoin afin de canaliser et d’orienter le

redoutable pouvoir que nous donnent la science et la technique, vers un véritable

progrès de l’humanité, progrès qui suppose de passer de l’« avoir » à l’« être » et

de rendre possible une vie en harmonie avec la Nature.

C’est pourquoi, il est important

d’étudier et de connaître

les sciences, mais aussi

d’en

comprendre le sens et les enjeux

à la lumière d’une approche pluridisciplinaire

dans laquelle l’histoire, la littérature, les sciences humaines, mais aussi l’art et la

morale peuvent – et doivent – occuper une place prépondérante.

Science et technique :

pour le meilleur ou pour le pire ?

par Bruno Monflier